Image de marque chinoise : entre honnêteté et propagande

Le Global Times, quotidien chinois en langue anglaise, publiait récemment un article intitulé : ‘Comment faire pour que le monde nous aime ?’. Une question intéressante que la Chine semble se poser de plus en fréquemment. Le gouvernement a investi beaucoup d’argent dans l’expansion de ses médias, dans l’espoir, peut être, de redorer son image et d’obtenir de fait, une meilleure acceptation mondiale.

Dans quelques semaines, un nouveau spot publicitaire, comme celui sensé redorer l’image du Made-in-China il y a un an, sera diffusé sur les chaines étrangères. En trente seconde, 50 célébrités chinoises, parmi lesquels le géant du basketball Yao Ming et la pianiste prodige Lang Lang, auront la lourde responsabilité de donner une image plus amicale de la Chine. Comment la Chine en est-elle arrivée la?

Bien sûr, il serait malhonnête de prétendre que les prouesses économiques de la Chine – preuves à l’appui- n’ont pas servi à changer remarquablement la perception du monde sur l’Empire du Milieu. Mais les dizaines d’articles vantant quotidiennement les prouesses chinoises dans les affaires ne pourront pas réellement aider la Chine à se faire aimer du monde. Parce que cela n’a pas été le cas avec les Jeux Olympiques, que ce n’est pas non plus le cas avec l’Expo. Vraiment. Ces événements montrent une Chine puissante mais pas nécessairement une Chine sympathique. Alors où la Chine a t-elle bien pu faire une erreur ?

‘Le peuple Chinois a depuis longtemps interprété la force nationale comme un aspect fondamental pour gagner le respect et l’affection du reste du monde. De nombreux Chinois continuent d’encaisser les souvenirs mornes de la pauvreté passée et de l’humiliation qui lui est associée’, indiquait l’article. C’est un fait, la puissance est un instrument fabuleux pour gagner le respect, mais elle n’a rien à voir avec l’affection. Certaines puissances sont appréciées internationalement, tandis que d’autres sont méprisées, et la boussole tourne sans difficulté au gré des décisions prises. Les USA par exemple, ont vu leur image aller de ‘terre promise’ à ‘impérialiste tyrannique’ en exhibant simplement sa puissance militaire. La puissance ne permet pas de gagner en affection. En fait, trop de puissance créé la peur.

Les partenariats économiques ne pourront pas non plus sauver l’image de la Chine. Il n’est pas plus probablement que les pays étrangers deviennent amis de la Chine pour des raisons économiques, que nous devenions amis avec la caissière du supermarché du coin. Bien sûr, les pays en voie de développement s’assoient aujourd’hui à la table chinoise et les super puissances ne peuvent simplement pas se permettre d’ignorer sa présence. Mais soyons honnête, c’est le business. Et si les relations d’affaires sont souvent liées aux relations amicales en Chine, ce n’est pas le cas à l’étranger. La Chine ne pourra donc tirer aucune affection de ses partenaires en étalant simplement sa puissance économique.

Et même si c’était possible, la Chine n’est certainement pas en position de le faire. Que leurs plaintes soient justifiées ou non, un nombre croissant de CEO étrangers se plaignent des avantages injustes accordés aux sociétés locales, et de la place arbitraire faite aux sociétés étrangères. Ce type d’approche est loin de bénéficier à la Chine en terme de relations amicales avec l’étranger.

Alors forcément, une publicité propre et lisse, débordant de sourires de célébrités qui ‘avalent en silence les souvenirs mornes de leur pauvreté passée’ ne pourra rien apporter de bon à la Chine aux yeux du monde. Nous savons. Nous savons que la Chine n’est pas parfaite. Nous savons qu’elle dissimule ses défauts. Nous savons qu’elle aime sauver les apparences en présentant des clichés vitriolés d’un pays ou tout va pour le mieux. Mais sait-elle que cette dissimulation et l’exposition d’une telle vitrine lui donne l’apparence d’être profondément malhonnête ?

Il est paradoxal d’estimer que le fait de reconnaître ses défauts rendrait la tâche plus facile aux étrangers d’aimer la Chine, et pourtant cela à du sens. Prenez les relations interpersonnelles : les personnes qui se présentent publiquement comme parfaites sont celles qui sont les moins aimées. Elles sont perçues comme arrogantes et lorsqu’elles échouent, les observateurs se réjouissent. C’est essentiellement ce qui se passe pour la Chine. Les étrangers rient à Xinhua –l’agence de presse étatique- et aux autres médias du pays. Pourtant, ce n’est pas qu’ils font mal leur travail, au contraire, parce qu’ils le font trop bien mais dans des limites importantes qui leurs interdisent d’être honnêtes. Du coup, le monde les regarde avec suspicion plutôt qu’avec affection.

En reprenant la métaphore des relations interpersonnelles, les gens humbles qui pratiquent l’autodénigrement se font facilement des amis, parce qu’ils ne prétendent pas être parfait et qu’il est plus facile de leurs faire confiance. Pourquoi les USA, qui sont actuellement engagés dans non pas une, mais deux guerres sur une terre étrangère, sont-ils plus populaires internationalement que la Chine, selon une enquête de la BBC World menée en avril dernier ? Certainement parce que la relativement libre circulation de l’information vers et depuis les Etats-Unis ont donné une image plus honnête du gouvernement, même si profondément défectueux.

Bien sûr, il existe une différence entre le fait d’admettre ses erreurs et les publiciser. Personne ne recommanderait à la Chine de diffuser à l’étranger une publicité montrant l’extrême dangerosité des mines de charbons chinoises, par exemple, ou la manière dont les prisonniers politiques sont traités lorsqu’ils sont arrêtés. Mais plus d’honnêteté serait un premier pas pour tous.

Et si la Chine n’est pas en mesure d’attirer l’attention des pays étrangers en étant plus honnêtes dans ses rapports médiatiques, alors c’est une signe clair que le gouvernement doit s’atteler à gérer des problèmes plus importants que celui de savoir si oui ou non, les étrangers aiment la Chine. Si la Chine à l’ambition être aimé, elle doit d’abord apprendre à être honnête sur ces défauts et sérieuses dans sa manière de les surpasser.

Si elle ne le fait pas, elle continuera certainement à gagner en puissance et en respect. Mais elle ne gagnera pas l’affection du monde. Et, plus probable encore, elle risquerait de gagner en ennemis.
 

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